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Retour 21 Octobre 2022

Portrait - Joël Schoenher, un nouveau président pour l’ORCAB

Le 22 juin dernier, au cours de l’assemblée générale qui se tenait à Avignon, le conseil d’administration de l’ORCAB élisait son nouveau président, Joël Schoenher, 49 ans, marié, père de deux garçons de 23 et 19 ans.

Comme tout président de coopérative, Joël est avant tout gérant. Artisan charpentier de formation, son entreprise de charpente, couverture, zinguerie, bardage et isolation est installée à Raon-l'Étape, dans les Vosges. « J’ai toujours su ce que je voulais faire, se rappelle-t-il. J’ai été sur les toits dès l’âge de sept ans, avec mon père. » Petit-fils de maçon et fils de charpentier, il reprend les rênes de l’entreprise familiale, Schoenher Christian et fils, en 2004. Il consacre les dix années suivantes à développer sa société et triple son effectif, en passant de 5 à 15 salariés. En 2009, alors qu’il vient d’investir de grosses sommes dans du matériel de levage, pour construire du neuf, il doit faire face à la crise, et rebondit en proposant de la pose d’isolation biosourcée. En diversifiant ainsi son offre, il facilite la coordination entre les travaux de toiture et d’isolation, et répond à une demande croissante, qui représente aujourd’hui 30% de son chiffre d'affaires. « Il y avait peu de concurrence sur ce marché, et le besoin d’isolation était là. Il faut dire que nous sommes dans une région propice, on a vite très chaud en été et très froid en hiver.” En 2014, il rachète son principal concurrent dans le domaine, avec l’aide d’un associé, qui gère depuis ce deuxième site.

Grâce à cette réorientation, Joël compte désormais 24 employés et un apprenti dans son équipe, pour laquelle il a la plus grande estime. « Ce sont des gens très investis, ce qui me permet de m’absenter sereinement. Je leur donne beaucoup d’autonomie et de responsabilité, ils font donc au mieux, et sont en mesure de proposer des améliorations. On recrute aussi des gens qui partagent les mêmes valeurs, c’est important. Et ils sont intéressés au résultat, ça compte. […] On a la chance d’avoir des jeunes qui sont diplômés et qui apportent une plus-value. Leur force c’est de ne pas répondre bêtement à un ordre, mais de vouloir comprendre le pourquoi des choses. Ils vont savoir chercher les infos sur internet, suivre un tuto... ». C’est donc grâce à ses coéquipiers et à sa femme, Christelle, qu’il peut consacrer du temps à son engagement coopératif.

Et pourtant, quand son père, qui fait partie du bureau de la CAPEB à l'époque, prend son bâton de pèlerin et part à la recherche d'artisans pour fonder la SCAB, en 2008, le système coopératif n’enthousiasme pas Joël. « Je développais l’entreprise, je n’avais pas la tête à ça à ce moment-là », se remémore-t-il. Il intègre tout de même le conseil d’administration dès les premières heures. « L'artisan est souvent de nature indépendante, lorsqu'il crée ou reprend une entreprise, il pense qu'il va faire ce qu'il veut, ce qui l'intéresse, mais c'est un leurre, on le comprend quand on est à son compte. Quand on se met en coopérative et qu’on comprend comment ça fonctionne, on se demande pourquoi on ne l'a pas fait avant. Les 20 plus fidèles adhérents de la coop ont des sociétés qui se développent très vite, car c'est en partageant qu’on grandit. Je suis devenu un fervent défenseur du monde coopératif comme on le vit à l’ORCAB, à savoir un artisan égale une voix, quelle que soit sa taille, car souvent les idées viennent des petits ».

Ce pourquoi, en 2018, il intègre le conseil d'administration de l'ORCAB, et en 2019, sous ce mandat, il prend la présidence de la FFCGA (fédération française de coopératives et groupement d'artisans).

En devenant président de l’ORCAB, Joël veut « être le garant d’un ORCAB équilibré, qui mixe les différentes expertises, et au sein duquel les petites coopératives trouvent leur place [...] pour ne pas devenir ce que sont devenues certaines coop agricoles, qui sont administrées par des grosses structures qui imposent leur modèle aux autres et dans lesquelles les coopérants ne sont plus décisionnaires. » Il souhaite aussi favoriser la création de nouvelles coopératives, notamment dans les régions du Centre et de l’Est, « pour accompagner au mieux nos artisans dans cette période de pénurie, dans les livraisons et le maintien des prix autant que faire se peut. »

C’est ainsi qu’en 14 ans, Joël est passé d'une ignorance presque complète du monde coopératif à un engagement total auprès des artisans adhérents.